Revenus tirés de vente en ligne

Nouvelles règles de déclaration des revenus tirés de ventes en ligne (novembre 2024)

20 novembre 2024

Le régime fiscal canadien est un système basé sur le principe d’autocotisation, où les résidents du Canada doivent, dans la plupart des cas, produire une déclaration de revenus annuelle dans laquelle toutes les sources de revenu mondial sont déclarées, et où le montant de l’impôt dû sur ce revenu est calculé et payé.

Bien qu’il incombe aux particuliers canadiens de déterminer les sources et les montants des revenus qui ont été reçus pendant l’année, le processus n’est pas tout à fait un régime de confiance où les montants déclarés ne sont pas soumis à des contrôles croisés et à des vérifications. Si un revenu (salaire, traitement, revenu de placement ou revenu de pension et de retraite) est versé à un Canadien, le payeur doit plutôt préparer un feuillet de renseignements (T4, T5, T4RIF ou T4RSP) indiquant le montant et la nature des sommes payées ainsi que les renseignements d’identification personnels (p. ex. nom, adresse, numéro d’assurance sociale) du bénéficiaire. Une copie de ce feuillet de renseignements est fournie au bénéficiaire et une autre copie est transmise à l’Agence du revenu du Canada (ARC). L’ARC peut ainsi contre-vérifier les montants de revenu déclarés par chaque contribuable canadien par rapport aux renseignements sur le paiement de revenu qui ont été transmis à l’Agence par le payeur de ce revenu.

Très peu de types de revenus échappent au filet fiscal canadien, et dans presque tous les cas, l’ARC peut déterminer le montant et le type des revenus reçus par chaque contribuable canadien au moyen des feuillets de renseignements produits par les payeurs. Jusqu’à présent, ce système n’a toutefois pas été aussi efficace pour le suivi et la déclaration des revenus gagnés par les Canadiens grâce à la vente de biens et de services numériques ou en ligne.

Des millions de Canadiens tirent un revenu des ventes en ligne au moyen de sites Web ou d’applications. Dans certains cas, ces ventes sont occasionnelles, lorsqu’un particulier souhaite gagner un petit revenu supplémentaire en vendant des biens dont il n’a plus besoin ou qu’il ne veut plus, mais qui sont toujours vendables. Dans d’autres cas, toutefois, si ces ventes sont effectuées régulièrement et fréquemment, le montant du revenu tiré des ventes en ligne peut être très important.

Même s’il est impossible de les quantifier ou même d’en avoir la certitude, il est fort probable que des montants importants de revenus gagnés par les Canadiens grâce aux ventes en ligne ne sont jamais déclarés aux autorités fiscales et, par conséquent, jamais imposés. Dans certains cas, c’est peut-être parce que les bénéficiaires croient sincèrement que ce revenu n’a pas besoin d’être déclaré, tandis que d’autres bénéficiaires qui ne déclarent pas leur revenu espèrent peut-être simplement que les autorités fiscales ne remarqueront pas cette omission.

Quelle que soit la motivation ou la croyance, la perception selon laquelle les revenus gagnés en ligne n’ont pas besoin d’être déclarés est erronée, comme l’ARC l’indique clairement sur son site Web : « les revenus provenant des activités de l’économie des plateformes sont assujettis à l’impôt ». De manière plus générale, tous les résidents canadiens doivent déclarer tous les revenus provenant de toutes les sources, tant au Canada qu’à l’étranger. Cela comprend les revenus provenant de ce que l’ARC appelle l’économie de pair-à-pair, où les biens sont vendus au moyen de plateformes en ligne, notamment Kijiji, Etsy, eBay et Amazon.

Jusqu’à maintenant, il n’y avait pas de mécanisme pratique permettant aux autorités fiscales d’effectuer le suivi du montant des revenus gagnés par les Canadiens grâce aux ventes en ligne. La situation changera en janvier 2025 alors que les opérateurs de plateforme devront pour la première fois déclarer à l’ARC le montant des revenus gagnés par les particuliers. Les exigences de déclaration actuelles sont entrées en vigueur au début de 2024, mais la date limite pour produire une déclaration auprès de l’ARC en ce qui concerne les revenus gagnés en ligne par les particuliers canadiens en 2024 est le 31 janvier 2025. Les renseignements transmis à l’ARC par les opérateurs de plateforme en ligne concernant les contribuables canadiens seront, bien entendu, également fournis aux contribuables, de la même façon que les copies des feuillets T4 ou T5. Ces renseignements comprendront les renseignements d’identification personnels, dont le numéro d’assurance sociale, les chiffres sur le revenu et le numéro de compte bancaire, pour tous les particuliers qui répondent à la définition d’un « vendeur soumis à déclaration ».

La limitation de cette déclaration aux ventes effectuées par des « vendeurs soumis à déclaration » vise à créer un seuil d’activité ou de revenu minimum. La définition générale d’un « vendeur soumis à déclaration » est un résident canadien qui est enregistré sur une plateforme et qui a reçu des montants pendant l’année provenant des ventes effectuées sur cette plateforme. Toutefois, même si tous les revenus provenant des ventes en ligne doivent être déclarés comme revenu, les coûts pour l’ARC de poursuivre les contribuables qui gagnent de très petits montants grâce à ces ventes ou qui le font très rarement dépasseraient presque certainement les avantages du revenu fiscal supplémentaire ainsi obtenu. Par conséquent, les particuliers qui répondent à la définition d’un vendeur soumis à déclaration, mais qui effectuent rarement des ventes ou gagnent de très petits montants, sont considérés comme des « vendeurs exclus » et sont exemptés des nouvelles exigences de déclaration.

Cependant, les montants seuils qui permettent à un particulier d’être considéré comme un vendeur exclu (et par conséquent d’être exempté des exigences de déclaration) sont en réalité très bas. Pour être un vendeur exclu, un particulier doit avoir effectué moins de 30 ventes par année et ne pas avoir gagné plus de 2 800 $ pour ces ventes. Par conséquent, un particulier qui, en 2024, effectue en moyenne trois ventes par mois (36 ventes par année) et qui reçoit en moyenne 80 $ par vente serait considéré comme un vendeur soumis à déclaration et les activités et le revenu gagné par ce particulier en 2024 seraient déclarés à l’ARC au plus tard le 31 janvier 2025.

Lorsqu’une déclaration est requise, l’obligation de déclarer incombe à l’opérateur de plateforme, qui doit transmettre à l’ARC les renseignements d’identification et les renseignements sur les activités pour chaque vendeur soumis à déclaration, et fournir une copie de ces renseignements à ce dernier. Les renseignements déclarés peuvent comprendre ce qui suit :

  • Renseignements d’identification
    • Nom du vendeur;
    • Adresse principale du vendeur;
    • Date de naissance du vendeur;
    • Numéro d’identification fiscale du vendeur (pour les particuliers canadiens, il s’agit de leur numéro d’assurance sociale);
    • Identifiants de compte financier du vendeur (c.-à-d. les numéros de compte bancaire).
  • Renseignements sur les activités
    • Revenu total des ventes (payé ou crédité) et nombre de ventes, ventilés par trimestre civil;
    • Frais, commissions ou impôts retenus ou imputés par l’opérateur de plateforme.

Les opérateurs de plateforme qui doivent déclarer en vertu des nouvelles règles peuvent demander des renseignements supplémentaires aux vendeurs qui sont enregistrés sur leur plateforme afin de confirmer si un particulier est un vendeur soumis à déclaration aux fins de ces règles de déclaration. Les vendeurs n’ont pas le choix de répondre à une telle demande, car les nouvelles règles permettent à l’ARC d’imposer une pénalité de 500 $ à un vendeur qui ne fournit pas son numéro d’assurance sociale lorsqu’un opérateur de plateforme lui demande.

Des renseignements détaillés concernant les nouvelles règles de déclaration pour les opérateurs de plateforme numérique figurent sur le site Web de l’ARC à l’adresse suivante : https://www.canada.ca/fr/agence-revenu/programmes/a-propos-agence-revenu-canada-arc/observation/declaration-honoraires-service/regles-declaration-plateformes-numeriques.html. Les particuliers qui vendent des biens ou des services au moyen de plateformes en ligne ou d’applications peuvent trouver des renseignements résumant leurs obligations fiscales et en matière de TPS/TVH concernant le revenu tiré de ces activités sur le même site Web au https://www.canada.ca/fr/agence-revenu/programmes/a-propos-agence-revenu-canada-arc/observation/economie-plateformes.html.